L’école erratique

Le processus de L’école erratique a émergé lors de conversations avec un ami, Thomas, alors que nous évoquions la participation qui nous semblait une réduction du débat public. Nous évoquions cette participation souvent postérieure aux décisions déjà prises et abordée techniquement par des experts en communication. L’envie était plutôt de se rapprocher du modèle de la conversation sans que le débat soit fléché par le projet. La conversation permet d’aller de l’intime aux problèmes les plus généraux. La richesse potentielle de la conversation est une question de confiance. La confiance est ce qui manque à la démocratie. L’école erratique est un processus artistique. Elle n’a pas la prétention de régler les problèmes à l’échelle de la démocratie. Elle propose une maquette. L’intérêt des pratiques artistiques est de permettre à l’inconcevable de devenir concevable. Il est à ce sujet intéressant de constater que l’Histoire ne cesse de produire de l’inconcevable, alors que la gouvernance ne tient compte que de l’expertise, c’est-à-dire du concevable. Les modes de rationalité dans lesquels nous fonctionnons produisent le tragique sans art.

Les sessions de L’école erratique réunissent cinq personnes, ni plus, ni moins. Le nombre constant de participants permet de penser le dispositif en terme d’espace. L’échelle réduite du groupe facilite la coordination des agendas et la recherche d’un lieu de rencontre disponible. Le dispositif fonctionne avec une frugalité de moyens, il est donc autonome. Formellement il ne se distingue pas d’une situation de la vie quotidienne. Ensuite si une première session déclenche l’envie d’une suite, celle-ci dépend de la décision des participants. Chaque personne pressentie est absolument nécessaire à la tenue de la session correspondante (on ne peut pas se faire remplacer). La durée d’une session est de trois heures. Le projet d’une session s’engage souvent dans une conversation de rue, lorsqu’un sujet suscite la perplexité de deux interlocuteurs. C’est à cet endroit que L’école erratique propose son support. Lorsque l’envie d’initier une session transforme les interlocuteurs en partenaires ils rédigent quelques lignes à propos du problème qui les occupent. Elles serviront de point de départ pour une invitation élargie à trois autres personnes. Par exemple cet énoncé :
« Et si demain le ministère de la culture décentralisait toutes ses actions vers les collectivités de proximité qu’est-ce que cela changerait ? Quel pourrait être alors un nouveau paysage de la culture fondé sur des espaces d’échanges et de partage ? Quel serait alors notre implication, nos pratiques, nos envies ? Est-il imaginable de cartographier ce paysage avant qu’il n’existe ? » [Session du 28 novembre 2014, Grenoble]
L’un des deux partenaires prend alors la responsabilité de coordonner la session. Le principe est qu’il invite deux personnes qui auront elles-mêmes à charge d’inviter deux autres personnes (un des deux premiers invités est généralement le premier interlocuteur). Ce principe permet que la session réunisse des personnes qui ne se connaissent pas.

Chaque session débute par la remise à chacun(e) d’un cahier de Brouillon général. Ce cahier comporte la problématique spécifique et le concept de L’école erratique. C’est un support de notes disponible sans obligation de restitution. La session commence par une séquence de présentation dans laquelle chacun(e) tente de relier le problème du jour à son expérience propre. Cette séquence est importante, loin des présentations sociales usuelles, elle invite chacun(e) à un récit qui active la problématique concernée depuis une expérience pratique de vie. Un climat d’écoute bienveillante fonde la qualité de la session. Ce climat horizontal où chacun est considéré comme étant d’égale intelligence, induit la possibilité d’une évolution de la situation vers un régime de coopération auto-organisé. À la fin de chaque session les participants décident à cinq d’une suite éventuelle. [Extrait de L’école erratique, Brouillon général, 2015]

Pour prendre connaissance de l’expérience de L’école erratique initiée par François DECK :

Francois DECK, L’école erratique, Brouillon général, 2015

Francoios DECK, L’école erratique, Montréal, Brouillon général, 2013-2015

Une réflexion sur « L’école erratique »

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