Une histoire de co-création en pédagogie sociale

Mathieu Depoil et Hélène Planckaert

« Tous les Hommes sont égaux. Mais il y a des choses qui les rendent inégaux : la force, le pouvoir, l’argent et la culture »
Equipo Plantel , Joan Negrescolor, Sophie Hofnung1


Il est toujours délicat pour nous, pédagogues, éducateurs et éducatrices, d’évoquer et de traiter de cette nébuleuse que sont l’art et la création artistique. Sommes-nous légitimes ? Est-ce notre champ d’intervention ? Est-ce notre créneau ? Entre vision politique et philosophique, la masse d’écrits, de recherches, de courants et de débats sur le sujet, nous font dire qu’il est important de préciser que notre angle de vue et d’approche est celui de pédagogues sociaux qui voient en l’art un objet d’émancipation et de transformation sociale : abolir les rapports sociaux de domination et d’exclusion.

Mathieu Depoil est pédagogue social, doctorant en sciences de l’éducation à l’université de Montpellier et directeur de la Maison-phare (association d’éducation populaire et de pédagogie sociale – Dijon). Ses travaux de recherches-actions explorent les liens entre éducation populaire, pratique de la pédagogie sociale et libertaire et émancipation politique.
Hélène Planckaert est pédagogue sociale et responsable de l’action culturelle et artistique à la Maison-phare (association d’éducation populaire et de pédagogie sociale - Dijon). Depuis de nombreuses années, elle articule travail social collectif, travail de co-création artistique et culturelle avec une pratique régulière d'ateliers de rue et d’interventions sur l’espace public.
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Transformer l’action publique depuis l’intérieur par/avec les premières concernées – l’expérience de « l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes, sexistes, intrafamiliales » de l’Hérault

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Transformer l’action publique depuis l’intérieur par/avec les premières concernées – l’expérience de « l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes, sexistes, intrafamiliales » de l’Hérault

En écho aux travaux de Benjamin Roux concernant « L’art de conter nos expériences collectives », le présent récit poursuit plusieurs intentions. Le fait de mettre en récit cette expérience collective est d’abord guidé par le « désir de rendre visible », « le souhait de donner à entendre une (…) parole » ; mais il est aussi « un acte [qui conduit] à donner sens aux événements (…) pour soi-même comme pour les autres » (Benjamin Roux, 2018, p. 60) [1], et au-delà, une manière de faire connaître et reconnaître les « savoirs acquis et produits tout au long de la dynamique collective » et « une volonté de faire trace, par le fait de raconter ce qui a été vécu, pour que cela puisse faire preuve » (p. 79). Raconter pour partager « la capacité d’agir, faire agir » (p. 82).

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Quatre leçons apprises du terrain : l’erreur ou l’insuffisance comme ressources pour la recherche et l’apprentissage

Lorsque l’on s’engage dans une entreprise, il est recommandé de faire son possible pour atteindre les objectifs visés. Mais le fait de s’attacher en priorité à la dimension d’expérimentation, au risque de ne pas prévenir toutes les erreurs et de ne pas pallier à toutes les insuffisances, permet, pour qui ne craint pas d’accueillir l’imprévu, d’éprouver le « réel » des situations et d’enrichir les occasions d’apprentissage.
C’est ce que montrent les « leçons » relatées ici, apprises à l’occasion d’expériences de « recherches de terrain » menées par des enseignants et des étudiants du Master de sciences de l’éducation de l’Université de Paris 8, auxquelles j’ai participé1. Ces « leçons » incitent à alléger l’outillage, à « voyager léger », avec un couteau suisse plutôt qu’une lourde « boîte à outils méthodologique », pour tirer le meilleur parti de la créativité des étudiants et du savoir faire des différents acteurs qui collaborent à ces expérimentations.

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Sortir de la tentation du dispositif de recherche « idéal » et « unique » en expérimentant des agencements « pluriels » et « hybrides ». Retours sur 18 mois de recherche en plein vent

Le chercheur de plein vent fait donc l’expérience, sans cesse renouvelée, de sa propre ignorance. Pascal Nicolas-Le Strat,« Une recherche de plein vent » [1]

Ce texte s’est écrit en plusieurs étapes entre 2016 et 2017. Les premiers mots datent approximativement de l’été 2016 puisqu’il s’agissait initialement pour moi de produire une sorte de « retour d’expérience » sur l’année 2015-2016. Il n’est pas exclu que d’autres versions suivent. Lors d’un séminaire résidentiel des Fabriques de sociologie, François Deck proposait « d’ouvrir les choses par le milieu », le « milieu » pouvant être entendu de diverses manières, aussi bien comme un lieu intermédiaire entre un début et une fin que comme un lieu d’interactions et d’enchevêtrements multiples [2] Continuer la lecture de Sortir de la tentation du dispositif de recherche « idéal » et « unique » en expérimentant des agencements « pluriels » et « hybrides ». Retours sur 18 mois de recherche en plein vent

La gazette

Itinérance et correspondance en recherche 2013-2015

Dans le cadre du DHEPS du Réseau des Crefad, nous nous rencontrons environ une semaine tous les deux mois. À cela s’ajoute le principe d’itinérance qui nous amène, d’une part, à ne jamais nous retrouver au même endroit et, d’autre part, à nous extérioriser de notre territoire de pratiques et de vie.

Les co-formateurs de cette recherche-action, qui dure sur trois ans, nous proposent comme cadre de mise au travail d’écrire dans les entre-deux de chaque session. D’abord, écrire dans le sens de la production de la recherche, mais aussi écrire dans la correspondance et l’échange avec nos collègues de promotion. Dès le début, il s’agit de nous mettre dans une démarche d’écriture venant nourrir directement (ou indirectement) le mémoire final. Ensuite, il s’agit aussi de mettre cet écrit au travail dans les échanges qui s’opèreront entre nous au sein de la promotion. Continuer la lecture de La gazette

La chasse aux concepts : comment les attraper et les apprivoiser ?

Les chercheurs en science sociales font appel, pour faire leur travail, à différentes théories qui reposent sur une collection de « concepts ». Ceux-ci sont décrits et commentés par les auteurs qui font référence dans une discipline. Et, qui veut être reconnu comme membre de la discipline concernée doit à son tour commenter ces concepts, les « mobiliser » pour produire des analyses portant sur les sujets particuliers qu’il étudie. Continuer la lecture de La chasse aux concepts : comment les attraper et les apprivoiser ?